La SMQ désire souligner la carrière remarquable d’un muséologue engagé, dévoué et inspirant. Dès les années 1980, il s’implique dans un comité citoyen pour promouvoir la création d’un musée au service de la communauté d’un quartier ouvrier. Dans une approche citoyenne résolument participative, il développe un nouveau rapport avec le public de ce quartier, en valorisant le patrimoine industriel et la vie ouvrière, et en sollicitant différents groupes à participer par leurs témoignages à la collecte de récits de vie, à la documentation des objets et à l’interprétation des lieux. Pour les citoyens du quartier Centre-Sud, le fait de collaborer à l’identification du patrimoine collectif et au développement de la collection écomuséale leur a permis de développer un profond sentiment d’appartenance et d’identité communautaire. Ainsi est né l’Écomusée du fier monde.

Fondateur du premier écomusée montréalais, ce respecté muséologue a créé un modèle concret de la nouvelle muséologie, développé une méthodologie exemplaire et un savoir-faire unique. Tout à la fois directeur, motivateur et cheville ouvrière de ce musée nouveau genre, il a su doter son institution de politiques et de procédures innovantes. Il a développé des partenariats, réussit à s’assurer de revenus autonomes en misant sur l’auto-financement et même, à constituer un fond de prévoyance. Une idée d’abord vue comme révolutionnaire. Au fil des ans, grâces à ses implications et ses succès, cette organisation bénévole à but non lucratif est devenue une institution muséale reconnue par l’État et a acquis une véritable crédibilité scientifique au sein de la communauté muséale et scientifique.

Par ses initiatives, il a été à même d’intéresser des chercheurs universitaires à ses projets d’analyse et de compréhension du milieu urbain et ouvrier. De nombreux partenariats de recherche se sont avérés très fructueux et ont abouti à de singuliers thèmes d’expositions. Son savoir et son expertise ont reçu la reconnaissance universitaire ce qui lui a permis d’enseigner et de partager tout ce en quoi il croyait. Il a si bien réussi que l’ICOM a reconnu le fondement du concept d’écomusée mettant en valeur de la culture urbaine ouvrière et l’histoire industrielle et l’a inclus dans ses définitions.

De même au sein de son équipe, il a motivé ses troupes, continuellement dépassé ses limites allant toujours plus loin dans ses projets et ses réalisations. Il a aussi préparé sa relève et passé la main parce qu’il savait que son leitmotiv et sa philosophie d’ouverture à la communauté, de solidarité avec le milieu et de justice sociale seraient respectées.

Premier Québécois à recevoir le Prix Barbara Tyler pour le leadership muséal décerné par l’Association des musées canadiens, il est depuis longtemps estimé et reconnu par ses pairs.

Le prix Carrière 2021 est remis au fondateur de l’Écomusée du fier monde, M. René Binette.