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« Bannir le mot fragilité »... avec des gestes concrets

Questions politiques / 19 janvier 2004

Mot du président Carl Johnson

Chers membres, chers collègues,

Le dernier congrès de la SMQ a été fort stimulant et a soulevé les enjeux fondamentaux de nos rapports en tant qu’institutions muséales avec le secteur du tourisme. D’autre part, cette grande rencontre annuelle fut l’occasion de recevoir la ministre de la Culture et des Communications du Québec et de l’entendre sur le soutien que l’État québécois consent à notre secteur.

Ainsi, madame Line Beauchamp est venue nous entretenir de sa perception de notre réseau et de sa très grande fragilité que nous considérons, nous les praticiens, comme chronique. Madame la Ministre souhaite travailler à éliminer cette fragilité de plus en plus insupportable. Nous sommes, bien entendu, d’accord pour rehausser la capacité d’intervention du réseau muséal. Mais ceci ne doit pas se réaliser autrement qu’en tenant compte de l’ensemble des institutions muséales et de la formidable diversité qu’il propose.

Nous aurions souhaité que Madame Beauchamp dissipe les doutes et les inquiétudes lors de son allocution du 2 octobre dernier. Car, vous le savez tous maintenant, le secteur muséal québécois, reconnu pour sa créativité, sa vitalité et l’excellence de ses réalisations et de son expertise, a néanmoins accusé des coupures directes de près de 1 M $ au cours de l’été 2003, sans compter l’effet domino de ces réductions ainsi que les diminutions de crédits budgétaires des quatre grands musées régis par une loi. Sommes-nous en train de payer en espèce l’excellence de notre pratique muséale ?

Les coupures gouvernementales affligent sérieusement un réseau à bout de souffle, dont les ressources financières sont reconnues pour être insuffisantes. Comment envisager l’avenir en toute sérénité alors que plusieurs de nos membres sont en situation de survie ? Madame la Ministre nous propose d’explorer d’autres pistes de financement. Nous voulons bien, mais il faudrait s’assurer que le ministère ne dépouille pas notre réseau pour ensuite tenter d’attirer les investissements d’autres gouvernements ou milieux d’affaires. Rappelons-nous qu’un secteur sain attire plus facilement des investisseurs et des partenaires en raison de sa capacité de produire, de sa créativité et de l’esprit positif qui anime les intervenants. De plus, est-il nécessaire de rappeler à quel point le réseau muséal est devenu expert, par la force des choses, en partenariat de tout genre.

Autre élément incontournable de la vie associative et d’un congrès, l’assemblée générale annuelle nous a permis de rappeler les grandes inquiétudes qui habitent le quotidien de nos pratiques. Plusieurs d’entre vous ont manifesté leur mécontentement face à l’état actuel du dossier du financement au fonctionnement des institutions muséales du Québec, au retrait d’un certain nombre d’institutions muséales municipales soutenues au fonctionnement, de même qu’a la disparition de plusieurs programmes ou mesures prévus dans la politique muséale du Québec. Ce moment était fort important car il a permis à tous d’entendre la communauté exprimer ses frustrations et sa grande déception face à l’état actuel des choses.

L’assemblée a également élu ses administrateurs qui siègent au conseil d’administration de la SMQ. J’ai eu le privilège d’être réélu président pour un second mandat. Le nouveau conseil d’administration et son comité exécutif formé également de Yves Lauzière à titre de vice-président et de Hélène Nadeau au poste de secrétaire-trésorière, sont maintenant investis d’un mandat fort et clair tourné vers la protection et le développement de nos conditions de pratique.

D’autre part, enrichi de l’expertise de plusieurs collègues du monde du tourisme, le congrès 2003, qui se tenait dans diverses institutions muséales de Montréal, aura été la tribune idéale pour faire le point sur la présence des musées au sein du secteur touristique auquel nous contribuons depuis nombre d’années. Je retiens particulièrement le Droit de parole qui fut éclairant en établissant une dynamique d’échange qui nous permis de débattre ensemble pendant les deux jours et demi de rencontre.

Comme l’a déclaré madame Line Beauchamp lors de son allocution, il faut bannir de notre réalité le mot fragilité. Pour ce faire, nous aurons besoin de toutes les forces vives du réseau pour obtenir un engagement formel du gouvernement vers des solutions durables et à la hauteur des attentes collectives et légitimes du réseau muséal.

Le président

Carl Johnson

 

Note

Ce mot du président Carl Johnson a été publié dans le Bulletin no 12 de la Société des musées québécois

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