PAFIM 2016-2019 : synthèse du sondage réalisé par la SMQ
Avec la refonte du PAFIM (Programme d’aide au fonctionnement des institutions muséales), 52 institutions muséales ont eu une augmentation de leur aide au fonctionnement, 34 ont subi une diminution et 20 en seront exclues à compter d’avril 2019. Initialement, elles étaient 21 dans cette situation, mais le Parc de l’aventure basque a déjà fermé ses portes. Rappelons également que 11 institutions muséales qui n’étaient pas soutenues ont été invitées à soumettre une demande et que seulement 6 d’entre elles ont été admises au PAFIM.
Il va sans dire que les nouveaux bénéficiaires de ce programme sont satisfaits, tout comme ceux qui ont une augmentation, bien qu’ils soient conscients du fait que cette hausse se fait au détriment des institutions touchées par des coupes. Parmi les autres membres de la SMQ, plusieurs nous ont signifié leurs inquiétudes et leur insatisfaction. Aussi, nous avons effectué un sondage afin de brosser un portrait de la situation. Un questionnaire en six points a donc été envoyé aux 34 membres dont l’aide au fonctionnement diminue ainsi qu’aux 20 qui seront, à terme, exclus du PAFIM. Les réponses obtenues (57 % de l’ensemble des musées visés) permettent de formuler des constats qui décrivent une situation pouvant, dans certains cas, être qualifiée de critique. Les réponses s’articulent d’abord autour de questions quantitatives (l’ampleur des diminutions), puis de questions liées à l’impact de la diminution ou de la disparition de cette aide, des changements organisationnels que cela implique ainsi que les solutions financières envisagées.
Points saillants
Un constat prédomine : la situation, qui n’était déjà pas simple, se complique pour la grande majorité des répondants. Financièrement, les diminutions varient de 0,4 % à 30 % par rapport au montant alloué avant la révision du PAFIM. Si le premier pourcentage peut sembler minime, dans tous les cas, les diminutions ont des conséquences alarmantes puisque, faut-il le rappeler, les institutions muséales en font plus avec moins, et ce, depuis longtemps. Pour certaines, la diminution du soutien est d’autant plus difficile à accepter qu’au cours des dernières années leur performance a, dans les circonstances, été excellente. À la déception s’ajoute ainsi l’incompréhension.
Bon nombre de répondants évoquent une forme de spirale dans laquelle ils se sentent pris. Celle-ci pourrait s’exprimer ainsi : la diminution des revenus entraîne une réduction des ressources humaines, ce qui implique moins de services et de produits offerts, donc moins de visiteurs et par conséquent, moins de revenus.
Conséquences sur les ressources humaines
Les principales réponses compilées font état des compressions que les musées devront faire dans les ressources humaines, déjà peu nombreuses et extrêmement sollicitées. Cette réduction ne vise pas uniquement le personnel occasionnel, mais dans certains cas, la permanence, constituée parfois d’une seule ressource professionnelle. Les réductions s’appliquent non seulement au temps de travail, mais aussi aux salaires. Ainsi, on appréhende, ou l'on assiste déjà à une perte d’expertise ou à la réaffectation des ressources humaines vers des priorités comme le développement financier au détriment d’autres fonctions muséales.
Conséquences sur l’offre
Pour les institutions muséales répondantes, les conséquences sur leur offre riment encore une fois avec le mot diminution : moins de projets, moins de services offerts aux visiteurs, moins d’expositions produites, moins de renouvellement. Sinon, il est question de réduction des heures d’ouverture, voire de la saison touristique ainsi que de fermeture de salles ou de bâtiments. Certaines envisagent aussi une augmentation des droits d’entrée, une décision délicate devant être évaluée finement avant d’être implantée. Il y a aussi des cas d’annulation d’exposition, de projet, voire la fermeture définitive envisagée à moyen terme.
Conséquences sur la structure organisationnelle, les collections et les bâtiments
En mode réaction et en situation de survie à court terme, certaines institutions envisagent une réorientation de leur mission, une révision de leur fonctionnement, une restructuration complète, le tout à coûts nuls. Quant aux collections sous leur responsabilité, la situation s’avère également précaire. En effet, le sous-financement a des conséquences néfastes en matière de conservation de collections fragilisées et de bâtiments qui se détériorent. Certains répondants parlent de moratoire sur les acquisitions, de vente de biens ou de confier la gestion de maisons historiques à des organismes qu’il faudra trouver et sensibiliser aux enjeux de conservation de tels bâtiments.
Solutions financières envisagées
Au chapitre des solutions financières, celles-ci gravitent principalement autour de la nécessité d’accroître les revenus autonomes sans augmenter les dépenses. Les gestionnaires devront donc multiplier les leviers financiers, les campagnes de financement, les partenariats, les développements d’affaires, etc. Les musées affectés soulignent la difficulté de compenser la diminution de leur soutien par le PAFIM en cherchant du financement auprès de leur municipalité. Comme corollaire aux coupes dans les ressources humaines, certains envisagent de maintenir les activités uniquement avec des bénévoles. En outre, ils chercheront à diminuer les coûts de leurs activités incluant les actions de promotion et à augmenter les revenus, par exemple en transformant des espaces d’exposition en espace locatif.
Pour clore ce portrait, laissons la parole à un répondant qui résume la situation en ces mots : « Nous craignons que la réforme du PAFIM ressemble à la chronique d’une mort annoncée pour bien des institutions, surtout pour les petites institutions en milieu rural qui peuvent difficilement se trouver des partenaires financiers. »
En terminant, il importe d’ajouter que la SMQ transmettra aux représentants du ministère de la Culture et des Communications concernés les résultats de cette enquête afin de les sensibiliser aux situations problématiques qui affectent des musées dans différentes régions et aux conséquences sur l’offre muséale dans son ensemble. En outre, elle entend plaider pour un investissement structurant du gouvernement du Québec dans le réseau muséal, notamment par l’augmentation des enveloppes budgétaires dédiées à l’aide au fonctionnement.