Les expositions itinérantes :
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2.2 Les clés du succèsPour évaluer le succès (ou l'échec) d'une exposition itinérante, on doit d'abord bien cibler les objectifs que l'on souhaite atteindre. Pourquoi le musée veut-il faire circuler une exposition? S'agit-il d'augmenter sa notoriété? Désire-t-il que son exposition attire davantage de visiteurs? Souhaite-t-il que la tournée produise assez de revenus pour recouvrer une partie des coûts de production du projet? L'objectif peut aussi être plus large et coïncider avec le mandat de l'organisation en lui permettant de diffuser ses collections et ses résultats de recherches auprès d'un plus vaste public. Dans tous les cas, la réussite d'une exposition itinérante repose sur quelques éléments précis :
Il faut rester attentif à ces éléments tout au long du processus. 2.2.1 Le choix du sujetLe sujet d'une exposition itinérante doit d'abord correspondre à la mission de l'institution muséale qui la produit. Il est important de choisir le sujet en fonction de ses objectifs et de l'image que l'on désire véhiculer à l'extérieur. La décision de produire une exposition itinérante est d'abord une décision de programmation. L'exposition itinérante constitue en effet une sorte de signature pour une institution. La question du territoire visé accompagne le choix du sujet. Quel rayonnement peut avoir le thème choisi? La tournée peut-elle avoir lieu au Québec? au Canada? à l'étranger? Dans quels types de lieux cette exposition peut-elle être présentée? La question du rayonnement souhaité peut également influencer le choix du sujet d'une exposition itinérante, ou la décision de faire circuler une exposition déjà existante. Il faut aussi s'assurer que le sujet de l'exposition est assez universel, assez connu ou suffisamment attrayant pour une diversité d'endroits. L'intuition et l'expérience peuvent constituer de bons guides dans cette décision, mais rien ne vaut une petite enquête, un mini-sondage ou quelques coups de fil pour valider son impression. Il faut également vérifier qu'il n'y a pas d'expositions du même thème ou d'un thème voisin déjà en circulation. Finalement, il faut être à l'écoute, c'est-à-dire tendre l'oreille aux besoins du milieu. Peut-être une idée de thématique à développer ou une possibilité de partenariat jailliront-elles d'une lecture ou d'une conversation avec un collègue d'une autre institution. 2.2.2 Le choix et la conservation des œuvres et des objetsEn ce qui concerne le choix et la conservation des œuvres et des objets, un certain nombre de principes doivent guider le gestionnaire qui prépare la tournée d'une exposition. Premièrement, on doit retrouver les œuvres et les objets, à la fin de la tournée, exactement dans le même état qu'au début. Toute détérioration doit être évitée, qu'elle soit due aux chocs, aux frottements, aux conditions climatiques ou à la lumière. Deuxièmement, on doit choisir des œuvres et des objets qui ne sont pas trop fragiles pour circuler. Dans certains cas, il faut aussi considérer le poids ou le volume des objets retenus afin de déterminer s'il est possible ou opportun de les déplacer. Troisièmement, on doit connaître les conditions environnementales requises pour chaque œuvre ou objet compte tenu de la durée de l'exposition. Les normes de conservation doivent être respectées dans chacune des institutions du parcours. Il faut donc fixer les conditions environnementales nécessaires pour les institutions qui recevront l'exposition. Les œuvres et les objets sensibles à la lumière doivent pouvoir être remplacés régulièrement. Le processus de conservation pendant une tournée doit commencer par une évaluation rigoureuse de chaque œuvre ou objet. On doit préciser la nature des objets, leurs caractéristiques, leur âge et leur état. Ce constat permettra de faire une liste détaillée des précautions à prendre. Il faut préciser qu'il n'existe pas de recette magique : chaque objet est unique, doit être étudié individuellement et traité avec des solutions qui lui sont propres. Il est également important de rédiger et de fournir les procédures de manutention, d'installation et de démontage.
Mentionnons en terminant que si l'exposition comporte des emprunts, il est important que les prêteurs soient avisés que les éléments prêtés seront présentés pendant une plus longue période et à de multiples endroits.
2.2.3 Le designPour les personnes qui la visitent, une exposition itinérante est d'abord une exposition. Ainsi, les visiteurs auront les mêmes exigences qu'au cours de n'importe quelle autre visite muséale. C'est dire que toutes les préoccupations liées au design demeurent. Il faut donc que ce dernier respecte le scénario et en souligne les messages. Les objets doivent être mis en valeur et les exigences liées à la conservation et à la sécurité doivent être respectées. Le design doit aussi créer une atmosphère qui favorise la communication et le confort des visiteurs. À tout cela s'ajoutent des contraintes propres aux expositions itinérantes. Les caractéristiques suivantes deviennent alors d'une grande importance. La flexibilitéLes divers éléments de mobilier et la scénographie doivent permettre une présentation dans les salles les plus diversifiées possible. Il faut imaginer des caractéristiques différentes de celles de la salle de la première présentation. Parmi les éléments qui peuvent changer d'un lieu de présentation à l'autre, on trouve notamment :
Les éléments autoportants augmentent la flexibilité. Il faut éviter les éléments trop hauts ou trop volumineux, car ils nécessitent souvent des salles ayant une configuration parfaite. Les petites pièces de mobilier peuvent plus facilement être disposées de diverses manières. Idéalement, les différentes pièces composant le design doivent, une fois emballées, pouvoir passer par une porte standard. La durabilitéCertaines expositions itinérantes circulent parfois pendant plusieurs années. Elles sont montées, démontées et transportées. Les matériaux durables doivent être privilégiés. Ils doivent aussi être faciles d'entretien. Pour que l'exposition dure, il est fort utile de prévoir des mesures qui permettront de maintenir ensemble toutes les composantes. La légèretéExposition itinérante Climat sous surveillance Musée de la nature et des sciences Vue partielle de l'exposition itinérante Musée d'art contemporain de Montréal Le poids des matériaux de chacun des éléments et celui de l’ensemble de l’exposition sont deux notions importantes. En plus de rendre la tâche plus facile et plus agréable, tant pour l’équipe du musée producteur que pour celles des institutions hôtes, les éléments légers courent moins de risques d’être échappés, heurtés ou manipulés de manière inadéquate. Comme tout doit être facile à manipuler, les éléments comme les poignées et les roulettes peuvent s'avérer fort utiles. 2.2.4 Les mécanismes de communicationPour une institution qui produit une exposition itinérante, il est extrêmement important d'être à l'écoute des besoins des emprunteurs. La relation entre le musée producteur et le musée hôte commence au moment de la promotion, mais elle se poursuivra jusque bien après le démontage. Cette relation requiert, entre autres, une sensibilité aux rapports entre les musées d'une même région dans l'élaboration de l'itinéraire. Les institutions qui accueillent des expositions itinérantes souhaitent recevoir une proposition de location aussi complète et détaillée que possible. Les coûts du transport et des assurances, par exemple, doivent être précisés. Elles préfèrent également que les contenus soient adaptés à leur réalité. Les consulter pendant la conception du projet est donc une bonne idée. Les institutions hôtes désirent le plus d'information possible pour pouvoir réaliser une présentation de qualité. Elles aiment également qu'on leur fournisse du matériel complémentaire : affiches, programme et matériel d'animation, catalogues, etc. Pour les institutions emprunteuses, l'entreposage et la manutention des caisses occasionnent souvent des problèmes. Il est important de prévoir des moments de communication avec l'institution hôte. Le mieux est de ne pas laisser passer plusieurs mois sans donner de ses nouvelles. Il ne faut pas hésiter à redire, de plusieurs manières, les principaux éléments : ce qui est inclus, ce qui ne l'est pas, la date et l'heure de l'arrivée de l'exposition, le personnel ou le matériel que l'institution hôte doit fournir, etc. La réalisation d'une grille de suivi des interventions devient, dans ce contexte, une nécessité.
2.2.5 Les mécanismes de surveillanceL'exposition en circulation doit bénéficier d'une attention qui ne se relâche pas. Les tournées durant parfois plusieurs années, il faut se doter des mécanismes (rapports, archives photographiques, etc.) qui nous permettent de ne pas perdre d'informations. Le gestionnaire se doit aussi de connaître exactement, presque à tout moment, l'état des objets ou des œuvres, de même que l'état du mobilier, des interactifs et de toutes les composantes de l'exposition. Le but, bien sûr, est de pouvoir apporter des corrections, réparer les bris et réaliser un entretien préventif. Selon l'objectif poursuivi, la dernière institution qui recevra l'exposition bénéficiera d'une production ayant la même qualité qu'au début de la tournée.
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